Abstrakt: |
Résumé: Cette étude qualitative a été menée au nord de la Côte d'Ivoire, à 700 km d'Abidjan. Elle vise à décrire et à comprendre les pratiques d'usage des contenants de pesticides à des fins de stockage des denrées alimentaires, chez les cotonculteurs, face aux normes officielles prescrites en la matière. L'étude a consisté à mener des observations et à réaliser des entretiens semi-directifs. Le corpus de données était composé de 23 entretiens réalisés respectivement auprès de cotonculteurs et d'acteurs institutionnels (ministère de l'Agriculture, structures d'encadrement), et de quelques photographies. Les résultats montrent qu'après traitement des cultures, les contenants de pesticides sont utilisés pour le conditionnement de denrées alimentaires dans les ménages. Il s'agit, entre autres, du conditionnement de la sauce, du sel, du beurre de karité pour la consommation et comme pommade, du miel, du lait, de l'eau de boisson, etc. Ces usages s'écartent des normes prescrites (normes de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture [FAO]), selon lesquelles les contenants doivent être collectés pour éviter qu'ils soient réutilisés. Plusieurs logiques, telles que la banalisation des risques, la réduction des dépenses et l'adaptabilité des caractéristiques des contenants aux goûts de l'usager, mais aussi l'insuffisance de formation des paysans et le manque de communication, motivent ces usages. L'utilisation de ces contenants pourrait comporter des risques sanitaires liés à la toxicité résiduelle des pesticides à court, moyen et long termes. L'étude porte ainsi sur un problème majeur de santé publique que soulèvent ces « usages inventés » ou « normatifs » et « socialisés ». This qualitative study was conducted in the North of Côte d'Ivoire, 700 km from Abidjan. Its aim was to describe and understand the use by cotton farmers of pesticide containers for food storage purposes, in view of official recommendations. The study consisted of observations and semi-structured interviews, with the data set comprising 23 interviews with cotton farmers and institutional actors (Ministry of Agriculture, training and supervision structures) and a few photographs. The results show that after pesticides have been used for crop treatment, households reuse their containers to store food: sauces, salt, shea butter for consumption and as an ointment, honey, milk, drinking water, etc. These uses, which deviate from the FAO standards prescribing that these containers must be collected to prevent their reuse, are motivated by several factors, including underestimation of risks, reduced costs, their convenience, lack of training for farmers, and lack of communication. The use of these containers could entail health risks due to residual pesticide toxicity in the short, medium, and long terms. The study thus focuses on the major public health problem raised by these "invented" or actual uses, which have become standard social practices. [ABSTRACT FROM AUTHOR] |