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Summary: Ce qui sépare les gens confiants des plus réservés, c'est notamment leur manière de percevoir ou non le statuquo comme quelque chose d'immuable. Grosso modo, pour les plus défaitistes, l'histoire s'écrit toujours au passé, tandis que pour les optimistes, elle reste à bâtir--peut-être même y contribueront-ils un jour. Nous entrons dans le monde avec le sentiment biaiséque le statuquo a été établi depuis longtemps et qu'il sera maintenu jusqu'à la fin des temps. À l'enfance, tout semble confirmer cette impression d'immuabilité. Nous sommes entourés de géants qui suivent des traditions instaurées depuis des décennies, voire des siècles. Notre rapport au temps favorise l'instant présent. Pour un enfant à la maternelle, l'année précédente parait aussi lointaine que si on reculait de cent ans. Notre maison est éternelle comme un temple antique. L'école semble répéter les mêmes rituels depuis l'avènement de la vie sur Terre. Et on nous y explique constamment que la vie est ainsi faite, que c'est comme ça, et on nous encourage à admettre que la réalité ne corresponde pas toujours à nos désirs. Nous en venons ainsi à acquérir la certitude que l'être humain a parfaitement cartographié le spectre des possibles. Si une chose ne s'est pas déjà produite, c'est soit qu'elle est impossible, soit qu'elle ne devrait pas se produire. |