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Considérant leur vécu prémigratoire, souvent marqué d’expériences traumatiques, ainsi que les stress inhérents au processus migratoire, les personnes immigrantes ou réfugiées constituent une population à risque de développer des problèmes de santé mentale. Malgré cela, les réfugiés semblent sous-utiliser les services institutionnels standards et de nombreux intervenants rapportent se sentir démunis dans l’intervention avec ces personnes. Plusieurs auteurs ont questionné les modèles de psychothérapie occidentaux en contexte d’intervention interculturelle, notamment la psychothérapie individuelle verbale, et suggèrent d’autres types d’interventions, dont les interventions de groupe utilisant les modalités artistiques. Si plusieurs de ces interventions ont été mises en place dans le souci d’offrir des services adaptés à cette clientèle, peu d’entre elles ont été évaluées. De plus, les quelques études disponibles ne rencontrent pas les normes de rigueur scientifique en psychologie, ou encore, évaluent l’efficacité de ces interventions surtout en termes de changements sur le plan de la symptomatologie, négligeant par conséquent le vécu subjectif des participants en lien avec les modalités utilisées. La présente étude s’intéresse donc à la pertinence de l’utilisation de modalités artistiques dans le cadre d’une intervention de groupe offerte à des femmes immigrantes ou réfugiées, de diverses origines ethniques, ayant vécu la violence. Cette étude s’inscrit dans le cadre plus large d’une recherche-action portant sur l’adaptation et l’évaluation des services offerts par un CSSS aux immigrants et réfugiés. Dans une optique descriptive et exploratoire, les analyses qualitatives portent sur trois dimensions : 1) le vécu des participantes en lien avec l’utilisation des modalités artistiques; 2) le rôle potentiel de levier thérapeutique des activités artistiques; 3) la satisfaction des participantes quant à l’utilisation de ces modalités. L’étude de cas ainsi que les analyses par questionnement analytique effectuées sur les données recueillies, via les notes d’observation, les créations artistiques des participantes ainsi que les entrevues pré et post-test, guident l’exploration de ces trois dimensions. Les résultats obtenus mettent en exergue la pertinence des modalités artistiques incluses, notamment en ce qui concerne leur potentiel thérapeutique auprès de femmes ayant vécu la violence. L’analyse des données montre en effet que les modalités artistiques favorisent l’accès aux mémoires traumatiques, l’expression directe ou indirecte de la souffrance ainsi qu’une meilleure régulation émotionnelle. Ces éléments sont importants car ils soutiennent le processus d’intégration de l’expérience traumatique ainsi qu’une certaine « décristallisation » de l’identité traumatique. De plus, les modalités artistiques utilisées dans cette intervention ont généralement été appréciées et perçues comme pertinentes par les participantes sur le plan thérapeutique, et ce, malgré certains défis soulevés relativement à l’intervention. Enfin, les six cas présentés permettent d’analyser différentes dimensions de l’expérience des participantes, en lien avec l’utilisation des modalités artistiques, et serviront de vignettes cliniques pour la formation des intervenantes. Somme toute, cette étude novatrice enrichit le corpus des connaissances scientifiques et cliniques et les résultats de cette étude contribueront à l’amélioration du protocole d’intervention, tout en constituant un outil de formation et de préparation pour les intervenants qui prodigueront cette intervention. |