Popis: |
Cette première mission a porté sur l'exploitation pastorale du parc et des aires protégées voisines et, d'une façon plus générale, sur l'élevage transhumant qui en est la cause. Elle s'inscrit dans le cadre de l'appui scientifique au programme ECOPAS - parc W financé par la Communauté européenne et intéressant le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. La mission s'est déroulée du 16 au 28 mai 2001. Un groupe de travail pluridisciplinaire a été constitué sous l'égide du Cirad, pour le moment à majorité de Burkinabé, et les membres se sont partagés les visites de terrain sur les trois pays concernés (Burkina, Bénin et Niger) pour optimiser le temps limité de cette première consultation, considérée comme exploratoire. Les données recueillies ont permis de dégager une vue générale à dire d'acteurs des pratiques de la transhumance dans la région et des difficultés qu'elle soulève. Les mouvements d'animaux ont lieu toute l'année mais les plus amples se situent en fin de saison sèche, période cruciale pour nourrir et abreuver les bêtes, partant de territoires situés au Niger et au Burkina, soit pour de courts mouvements dans le pays, soit pour traverser les frontières. Le Burkina, le Bénin et le Togo sont alors les pays d'accueil. Le manque de fourrage sur les pâturages surchargés et mal gérés est aggravé par l'extension rapide des surfaces agricoles dans les zones périphériques des parcs, notamment avec l'arrivée de migrants agriculteurs, la sédentarisation d'éleveurs du nord chassés par la sécheresse, le déclassement de zones tampons, la promotion de la culture du cotonnier, le classement de concessions de chasse. Si l'on ne connaît pas précisément le nombre d'animaux en transhumance, on sait néanmoins qu'il s'accroît lentement et que les transhumances tendent à s'allonger. Dans ce contexte, le parc, dont les ressources en herbe sont protégées et entretenues, est convoité par les éleveurs et utilisé plus ou moins clandestinement. L'importance des risques et l'acceptation de fortes amendes lorsqu'il y a constat d'infraction donne la mesure de l'enjeu pour les éleveurs, soucieux de maintenir leurs animaux en vie. Actuellement, la transhumance est placée en position de générer bien des conflits, soit avec les forestiers en utilisant les réserves, soit avec les agriculteurs en causant des dégâts aux cultures. Les points de vue des différentes parties ont été recueillis sur les problèmes qui se posent. La question des impacts écologiques et des risques sanitaires de la transhumance a aussi été posée. Il a été d'ores et déjà possible de formuler des propositions pour le développement. Elles portent sur la surveillance des parcs et réserves, l'amélioration de l'information sur les règlements existants et de la signalisation auprès des éleveurs, l'adaptation du traitement des infractions, mais insistent sur les efforts à consentir dans la zone périphérique pour aménager et gérer les ressources pastorales et les pistes de transhumance. La clef des progrès, c'est le renforcement du dialogue et de la concertation à tous les niveaux, aussi bien pour améliorer le cadre législatif que pour les choix pratiques sur le terrain. Les mesures pour améliorer la conservation dans les parcs ne peuvent faire l'économie de mesures parallèles en faveur de l'élevage. Enfin, le caractère régional du projet suppose que la concertation entre les pays concernés permette d'harmoniser les mesures au-delà des frontières nationales Les nombreuses zones d'ombre dans les connaissances sur le sujet ont conduit à formuler des propositions de recherche. Parmi les thèmes identifiés, il y a bien sûr la surveillance environnementale, la connaissance de la réalité de la transhumance dans la région, la connaissance de l'impact réel de l'élevage sur le milieu, les aspects de santé animale. Mais une attention particulière est portée aussi sur le poids économique et l'importance sociale de l'élevage dans le dispositif régional et sur les perspectives d'évolution à long terme. Les sujets de recherche sont proposés au débat avant d'entrer dans une phase de construction opérationnelle. L'élevage transhumant est une réalité que l'on ne peut éviter. Apparemment en opposition avec les objectifs de conservation du projet, la transhumance doit d'abord être réorientée vers les zones périphériques après réalisation des aménagements adéquats, et toute possibilité d'intensifier et de sécuriser l'élevage doit être exploitée. Mais on doit aussi faire en sorte que l'éleveur devienne dans les parcs un allié des forestiers et soit mis en situation de fournir des services environnementaux en contribuant à la protection de la biodiversité. |