Entre pastorale et gouvernement du peuple de Dieu : pour une réévaluation des assemblées locales du clergé (royaume de France, xiiie-xive siècles)
Autor: | Christine Barralis |
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Přispěvatelé: | Centre de Recherche Universitaire Lorrain d'Histoire (CRULH), Université de Lorraine (UL), Université de Lorraine, SHMESP, Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public |
Jazyk: | francouzština |
Rok vydání: | 2019 |
Předmět: |
Irak abbaside
Medieval & Renaissance Studies History Ecclesiastical History Moyen Age gouvernement ecclésiastique gouvernement royal contrôle comptable Ecclesiastical Councils conciles HBLC Ecclesiastical Provinces société carolongienne Histoire de l'Eglise prédication procédures administratives HIS037010 cadre politique [SHS.HIST]Humanities and Social Sciences/History domination |
Zdroj: | Gouverner les hommes, gouverner les âmes Gouverner les hommes, gouverner les âmes, SHMESP, May 2015, Montpellier, France. pp.137-146, ⟨10.4000/books.psorbonne.28716⟩ |
DOI: | 10.4000/books.psorbonne.28716⟩ |
Popis: | International audience; Depuis quarante ans, les travaux initiés par l’équipe d’Odette Pontal et Joseph Avril ont mis en lumière le renouveau de la pratique conciliaire locale dans l’Église du XIIIe siècle. Cependant, celle-ci a été lue principalement à l’aune du « tournant pastoral » symbolisé par le concile de Latran IV, qui en a défini les principales orientations, et dont un canon célèbre prônait le renouveau des conciles provinciaux comme relais de l’action législative et pastorale de la hiérarchie ecclésiastique. La production législative de ces assemblées a, ainsi, largement focalisé l’attention des historiens, soucieux de déterminer la diffusion progressive des prescriptions du IVe Latran puis des diverses décrétales relatives à l’encadrement religieux des clercs et des fidèles . Or les assemblées de prélats ne se sont pas préoccupés que de pastorale : les documents relatifs à leurs convocations et leurs débats (chroniques, lettres, etc.) les montrent souvent pleinement inscrites dans l’actualité politique du royaume : procédures judiciaires contre des prélats, préoccupations fiscales, attitude à adopter face à la politique royale sont autant de sujets qui alimentent aussi leur activité. Le contour même de ces réunions varie d’ailleurs en fonction des sujets traités et des sollicitations royales et pontificales, entre concile provincial stricto sensu et assemblées plus larges, à l’échelle de plusieurs provinces ou du royaume, qu’il ne convient pas, dans l’étude, de séparer des premières, car toutes participent de la pratique du gouvernement en assemblée et du dialogue politique qui se noue ainsi régulièrement entre le Pape, les prélats et, bien souvent, le Roi. Partant de ce constat, je reviendrai à la fois sur le fonctionnement et le rôle de ces assemblées, mais aussi sur leur sens dans les pratiques de gouvernement royales et cléricales. En effet, au XIIIe siècle déjà, elles furent parfois des lieux de contestation de la politique fiscale pontificale envers le clergé , parfois des lieux de soutien au Roi, convoquées, pour certaines, sur la prière du Roi lui-même. Toutes ne furent pas des assemblées décisionnaires, certaines revêtant plutôt la forme de conseils pour le légat ou pour le prince. La question d’une forme de continuité entre ces réunions et les assemblées royales du temps de Philippe le Bel a d’ailleurs déjà été soulevée. Au-delà de leur rôle dans la définition et la légitimation d’une politique royale de gouvernement du peuple chrétien, il convient aussi de s’interroger sur l’expérimentation par ces assemblées d’une forme de gouvernement collégial dans une Église de plus en plus monarchique. Il n’est donc pas étonnant que Guillaume Durand le Jeune voit dans les synodes nationaux un moyen de contrer le centralisme romain lors du concile de Vienne de 1312. Mais il est plus surprenant de voir que le déclin des assemblées locales du clergé, à compter du deuxième tiers du XIVe siècle, a généralement été interprété comme une simple conséquence des troubles de la guerre et n’a guère été mis en lien avec l’imposition du modèle pontifical de gouvernement centralisé. Il est pourtant intéressant de constater que ces assemblées cessent peu à peu de se réunir au moment où, parallèlement, se développent dans le royaume les assemblées d’Etats liées à l’essor de la fiscalité royale, et alors même que les décimes pontificales taxent régulièrement le clergé et que le droit canonique impose depuis un siècle le principe du consentement en matière fiscale. Deux modèles de gouvernement et de dialogue fiscal coexistent ainsi, desquels participent les mêmes intervenants : les prélats. Comment l’expliquer ? Comment se nouèrent les préoccupations ecclésiologiques et politiques dans ces assemblées pour justifier leur existence et leur action ? Pourquoi rassembler telle forme d’assemblée plutôt que telle autre ? Pourquoi ne plus les rassembler ? Voici les questions que j’aborderai, dans une tentative de synthèse et de réévaluation de l’activité conciliaire locale dans le royaume de France aux XIIIe et XIVe siècles. |
Databáze: | OpenAIRE |
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