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Bossuet a prononce en 1663 au seminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet un panegyrique de sainte Catherine d’Alexandrie, patronne des philosophes. Au deuxieme point de son sermon, l’eveque de Meaux presente ainsi le statut de la verite : La verite est un bien commun : quiconque la possede, la doit a ses freres selon les occasions que Dieu lui presente et quiconque se veut rendre propre ce bien public de la nature raisonnable, alors celui-la merite bien de le perdre et d’etre reduit, selon saint Augustin, a ce qui est veritablement le propre de l’esprit de l’homme, c’est-a-dire le mensonge et l’erreur1. Bossuet se refere ici aux Confessions de saint Augustin, qui, a la fin du ive siecle soulignait au chapitre 25 du livre 12 : Les amants de la verite vivent d’un commun patrimoine. Et c’est pourquoi, Seigneur, vos jugements sont redoutables ; car votre verite n’est ni a moi, ni a lui, ni a tel autre ; elle est a nous tous, que votre voix appelle hautement a sa communion, avec la terrible menace d’en etre prives a jamais, si nous voulons en faire notre bien prive. Celui qui pretend s’attribuer en propre l’heritage dont vous avez mis la jouissance en commun, et revendique comme son bien le pecule universel, celui-la est bientot reduit de ce fonds social a son propre fonds, c’est-a-dire de la verite au mensonge. Et Saint Augustin de rappeler l’evangeliste « celui qui professe le mensonge parle de son propre fonds » (Jean, 8, 44). Cette idee de la verite comme patrimoine commun chez |