Le problème des opioïdes

Autor: Mitch Levine
Rok vydání: 2018
Předmět:
Zdroj: Canadian Journal of General Internal Medicine. 12
ISSN: 2369-1778
1911-1606
DOI: 10.22374/cjgim.v12i4.263
Popis: Au Congres annuel de la SCMI tenu recemment a Toronto, la seance pleniere s’intitulait « La crise des opioides en Amerique du Nord ». Ce sujet en est un de grande importance pour les internistes. En effet, dans nos cliniques ou a l’hopital, nous rencontrons frequemment des patients qui ont des problemes de dependance aux opioides et nous nous devons d’avoir une strategie medicale judicieuse et empreinte de compassion pour prendre en charge ces situations. C’est aussi pour nous l’occasion de contribuer a prevenir un probleme qui debute souvent par une prescription medicale. Certains problemes de consommation d’opioides sont le resultat d’une consommation illicite de drogues, mais bien plus souvent la situation debute par une prescription pour la prise en charge d’une douleur aigue ou chronique. C’est dans le traitement de la douleur aigue que les medecins ont le plus de chances de prevenir le developpement d’une dependance aux opioides (et des comorbidites associees). Dans le traitement de la douleur aigue (musculo-squelettique, pleuretique ou post-operatoire) une prescription d’opioides ne devrait pas depasser 3 a 7 jours. Delivrer une ordonnance pour deux semaines d’opioides est inutile et expose le patient a des risques de developper un probleme de dependance. Certains patients continueront de prendre des opioides au-dela de la premiere semaine s’ils ont une ordonnance qui le leur permet, meme si la douleur n’en justifie pas l’usage. C’est la premiere etape d’une consommation negligente et d’une dependance subsequente. Si la douleur aigue demeure suffisamment severe pour justifier le maintien d’un traitement aux opioides au-dela d’une semaine, l’on devrait reevaluer le patient pour comprendre le pourquoi de la situation. Dans le cas de problemes de douleur chronique que les traitements sans opioides n’ont pas reussi a apaiser, les opioides peuvent etre consideres comme un element de la therapie. Toutefois, une escalade de la dose a plus de 50 mg/jour d’equivalent en morphine est peu susceptible d’offrir au patient le soulagement supplementaire qui justifierait une dose plus forte. Chez un faible pourcentage de patients qui requierent une dose exceptionnellement elevee de medicament pour beneficier de l’effet clinique maximal associe a un traitement aux opioides, un maximum de 90 mg/jour d’equivalent en morphine peut etre necessaire 1 . Aller au-dela de cette dose est contestable sur le plan pharmacologique, car le plafond de la courbe de reponse au dosage de l’antalgique aura ete atteint et l’augmentation de la dose aura pour seul effet d’accroitre le risque de reactions indesirables. De plus, le probleme des opioides associe a l’hyperalgesie risque de debuter, ce qui nous conduit a l’analogie du chien qui court apres sa queue; la dose continue d’augmenter, mais ne procurera jamais le soulagement attendu. C’est chez ce type de patients qu’il faut se concentrer sur des mesures qui les aideront a « vivre » avec leur douleur, plutot que sur un traitement vaguement susceptible de la reduire ou de l’eliminer. Il n’y a pas de remede a la douleur chronique, mais il existe des interventions autres que le recours aux opioides pour ameliorer la qualite de vie d’un patient. Nous pouvons contribuer a corriger le probleme des opioides si nous adoptons deux comportements en matiere de prescription. Dans la prise en charge de la douleur aigue, on limitera le recours aux opioides a une duree de 3 a 7 jours. Quant a la douleur chronique, elle devrait etre traitee avec un maximum de 90 mg/jour d’equivalent en morphine (de preference 50 mg), en association avec des therapies complementaires qui aident le patient a se concentrer sur l’amelioration de sa qualite de vie, malgre la douleur persistante.
Databáze: OpenAIRE