Les individus qui se cachent derrière la construction de l'église Saint-Eutrope de Saintes
Autor: | Grémont, Justine, Javel, Jean-Baptiste |
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Přispěvatelé: | École du Louvre (EDL), IRAMAT-Centre de recherche en physique appliquée à l’archéologie (IRAMAT-CRP2A), Institut de Recherches sur les Archéomatériaux (IRAMAT), Université d'Orléans (UO)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Bordeaux Montaigne-Université de Technologie de Belfort-Montbeliard (UTBM)-Université d'Orléans (UO)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Bordeaux Montaigne-Université de Technologie de Belfort-Montbeliard (UTBM), Javel, Jean-Baptiste |
Jazyk: | angličtina |
Rok vydání: | 2019 |
Předmět: |
[SHS.ARCHI]Humanities and Social Sciences/Architecture
space management [SHS.ARCHEO] Humanities and Social Sciences/Archaeology and Prehistory [SHS.ARCHEO]Humanities and Social Sciences/Archaeology and Prehistory [SHS.ART] Humanities and Social Sciences/Art and art history [SHS.ARCHI] Humanities and Social Sciences/Architecture space management [SHS.ART]Humanities and Social Sciences/Art and art history |
Zdroj: | Archéologie du bâti aujourd’hui et demain (Abad2019) Archéologie du bâti aujourd’hui et demain (Abad2019), Oct 2019, Auxerre, France |
Popis: | International audience; L'église Saint-Eutrope de Saintes est aujourd'hui un édifice tronqué, dont la nef a été détruite en 1803. Cependant, les vestiges encore présents laissent entrapercevoir une église aux dimensions importantes avec un chevet roman qui se déploie sur deux niveaux et qui s'étend sur plus de trente mètres de long. Ce sanctuaire, dédié à Saint-Eutrope, est devenu un établissement monastique qui a été rattaché à l'abbaye de Cluny en 1081. Les chercheurs semblent s'accorder sur le fait que le chantier de l'église romane soit lié à ce changement de propriétaire. Aussi bien l'église basse que l'église haute sont consacrées en 1096 lors du passage en Aquitaine du pape Urbain II. Lors de la venue de ce dernier, la crypte et probablement une bonne partie du chevet de l'église haute semblent terminées. Néanmoins, il est difficile de savoir où en est réellement le chantier de construction. Une chronique du XIIe siècle, dite de « Saint-Cybard », mentionne un maître d'œuvre nommé Benoît. Ce dernier serait, selon le manuscrit, « âgé et expérimenté ». Quelle est sa fonction ? D'où vient-il ? Et quelle a été son implication dans la construction de l'église ? Ces questions en amènent d'autres, sous-jacentes, concernant les individus à l'origine de cet édifice de la fin du XIe siècle.Cette communication fait partie d'un diptyque : là où la précédente communication s'intéresse à l'édifice et à ses différentes phases de construction, la présente met l'accent sur l'organisation du chantier et des équipes, sur les créations et les traces, parfois difficiles à repérer, que les individus ont laissées sur la pierre. Ainsi, les questions liées à la modénature et à la qualité des réalisations, notamment sculptées, seront plus particulièrement abordées ici.Ce travail est fondé sur une observation et un enregistrement fin des élévations ainsi que de chacun des décors sculptés, de leurs motifs, de leur style et de leur composition. Il s'agit en premier lieu de repérer les éventuelles restaurations afin de distinguer les parties restaurées des éléments d'origine, en consultant les dossiers d'archives des Monuments Historiques, et également en comparant d'anciennes photographies au bâtiment d'aujourd'hui. Une fois ce premier travail d'authenticité réalisé, les observations effectuées permettent de soutenir l'hypothèse d'un chantier de qualité, mené avec des moyens importants. Un soin particulier est apporté à la construction de l'édifice, de la fabrication des pièces à leur agencement dans l'espace bâti. En effet, des tracés préparatoires liés à la fabrication de blocs et de sculptures témoignent de la maîtrise des artisans et d'une certaine normalisation au sein du chantier. Des tracés s'observent aussi bien pour les trous de boulins que pour des parties de chapiteaux (corbeilles, tailloirs) et pour d'autres éléments architectoniques. Par exemple, certains ont été réalisés de manière systématique sur les faces supérieures des tailloirs aidant ainsi à la mise en place du départ des voûtes de la crypte. De nombreuses et diverses traces laissées par les bâtisseurs peuvent également être interprétées comme des marqueurs spatiaux permettant de guider la mise en œuvre. L'ensemble de ces éléments sous-tend un projet de construction calé et préfiguré avec des tracés, un plan, des modèles et modules précis.Une base de données inventoriant et détaillant chaque relief, suivie de la réalisation de cartographies, sert à comprendre la répartition géographique des types de sculptures, et donc à mieux appréhender l'organisation du chantier ainsi que le travail des ateliers et des artistes. Il ressort que des types de composition, des décors, des motifs (ou association de motifs) particuliers ont été élaborés en fonction des supports et des différentes catégories de sculpture. Nous pouvons par ailleurs constater une grande variété des motifs représentés et /ou de leurs combinaisons qui diffèrent d'une travée à une autre, d'un support à un autre. Cela s'explique par la puissance créatrice des sculpteurs romans, par leur grande capacité d'interprétation et de recomposition, ainsi que par les nombreuses sources dans lesquelles ils ont puisé. Par ailleurs, il existe une multiplicité de styles, mais aussi de factures. Des comparaisons avec des reliefs d'autres édifices saintongeais nous permettent de nous rendre compte de la qualité des décors de la priorale. Certaines sculptures constituent l'œuvre de grands maîtres tandis que d'autres, aux représentations plus maladroites et en général plus simples et plus répétitives, peuvent avoir été réalisées par des apprentis-sculpteurs, voire peut-être par des tailleurs de pierre. Enfin, il convient de souligner la profusion ornementale, visible à la fois sur le sommet des piliers, mais également sur les supports rythmant les façades.La taille de l'édifice et son décor sont dignes d'un monastère clunisien. Le chantier roman a non seulement permis une meilleure organisation du pèlerinage autour du tombeau de saint Eutrope, mais a également permis l'érection d'un édifice à la hauteur des ambitions de ses commanditaires. Les observations archéologiques réalisées sur les maçonneries et sculptures permettent aujourd'hui d'appréhender le chantier de construction et les bâtisseurs à travers leurs gestes et savoir-faire. |
Databáze: | OpenAIRE |
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